© Illustration issue de "Albinus on anatomy" de Bernhard Siegfried Albinus.
« Les mouvements de l'âme naissaient avec même progrès que ceux du corps. »
— Michel de Montaigne
© Illustration issue de "Albinus on anatomy" de Bernhard Siegfried Albinus.
La technique Alexander travaille sur le principe de non-séparation entre corps et esprit. La pensée a une grande importance dans cette technique car elle agit sur le muscle, en fait sur l'ensemble de notre unité psychocorporelle.
Les mots que je vais suggérer pendant la leçon vont guider l'élève vers une plus grande liberté de mouvements. Ces mots construisent des pensées et des images stimulantes qui agissent à travers le corps en douceur. Ils sont comme des souhaits et des désirs qui ne vont pas exciter une activité volontaire mais permettre plutôt l'émergence d'un nouvel équilibre, d'un nouveau tonus musculaire, d'un nouveau chemin vers une coordination plus juste. Ainsi, par la pensée, les muscles retrouvent plus de longueur et par conséquent le corps gagne plus d'espace.
Alexander répétait souvent qu'une coordination juste se fait d'elle-même mais que nous entravons la plupart du temps ce processus naturel d'équilibre dans la coordination du mouvement par toute une série d'habitudes, de conceptions erronées, de réflexes acquis au fil des années et qui nous dirigent à notre insu. Alexander a insisté en premier sur l'importance et l'influence que notre usage de la tête va avoir sur l'ensemble de notre coordination.
C'est du bon usage de la tête (et donc des muscles sous-occipitaux) que va dépendre le bon équilibre de l'activité musculaire, non seulement du cou mais aussi du dos, du bassin et des hanches, à nouveau de tout notre organisme.
Ce que la T.A. nous apprend au fond c'est l'observation d'une attitude finaliste. Car c'est bien notre désir d'atteindre un but, notre course aveugle vers le résultat qui nous fait perdre de vue le chemin et les moyens les mieux appropriés à la réalisation de cette fin. Les habitudes étant les alliés de cette attitude finaliste.
Pour changer une habitude il faut apprendre à dire non, à empêcher que s'amorce le mouvement réflexe enregistré par le cerveau. Il faut apprendre à s'arrêter et développer une présence à soi dans la suspension de l'action. C'est une forme de non-faire qui calme le système nerveux et permet alors, à l'aide d'une nouvelle pensée, de donner une nouvelle direction, de laisser surgir un nouveau chemin de coordination dans le corps. Alexander a donné à ce processus le nom d'inhibition.
« Le processus d'inhibition, c'est à dire l'acte de refuser de répondre au désir primaire de gagner une fin, devient l'acte de répondre au désir conscient et raisonné d'employer les moyens par lesquels cette fin peut être gagnée. »
— F.M. Alexander
Loin d'être une immobilité rigide, cette suspension de l'action développe chez l'élève une conscience plus aiguë de l'instant présent, une attention plus grande à soi. Petit à petit, il apprend à ne plus réagir impulsivement et inconsciemment face au stimulus mais développe une pensée dans l'action.